À l’heure où la haine numérique gangrène les réseaux sociaux, une initiative audacieuse frappe les esprits et invite à la réflexion. Telekom, principal fournisseur de réseau en Macédoine, en partenariat avec l’agence Saatchi & Saatchi, a lancé une campagne choc baptisée “Flush the Hate” (« Éliminez la haine »). Le principe ? Imprimer les propos haineux recueillis sur les réseaux sociaux… sur du papier toilette. Une métaphore visuelle forte, destinée à dénoncer et à rejeter fermement les discours toxiques qui polluent l’espace numérique.
Le constat est alarmant : un Européen sur trois affirme avoir été victime de haine en ligne. L’anonymat relatif offert par Internet encourage certains internautes à proférer des insultes, menaces et discriminations envers des individus, minorités ou influenceurs. Face à cette réalité, Telekom n’a pas voulu se contenter d’observer, mais a choisi d’agir de manière originale et engagée.
À travers un système sophistiqué de social listening, la campagne a analysé plus de 200 mots-clés associés à la haine pour extraire les commentaires les plus virulents. Ces véritables messages, souvent choquants, ont été reproduits sur du papier toilette, symbole universel du rejet et de l’élimination. L’image est limpide : ces discours de haine ne méritent pas d’autre place que celle-ci.
L’impact de la campagne a été amplifié grâce à l’implication d’influenceurs ciblés eux-mêmes par la haine en ligne. En recevant ces rouleaux personnalisés, ils ont été d’abord surpris, puis mobilisés. En partageant l’initiative avec leur communauté, ils ont aidé à faire de “Flush the Hate” un cri collectif contre la violence numérique, donnant à la campagne une viralité fulgurante.
Mais l’action ne s’est pas arrêtée là. L’algorithme a continué à détecter en temps réel les propos haineux, les projetant sans censure sur des espaces publics. Cette mise en lumière sans fard vise à réveiller les consciences, en montrant la violence crue souvent banalisée derrière les écrans.
Pour que le message soit également symboliquement puissant, le papier toilette imprimé a été distribué gratuitement via les principales boutiques en ligne du pays. Chacun est ainsi invité à “tirer la chasse d’eau sur la haine”, à rejeter cette violence verbale au-delà du virtuel, dans un geste simple mais porteur de sens.
“Flush the Hate” dépasse la simple campagne de sensibilisation : elle s’impose comme un véritable mouvement citoyen. Elle rappelle avec force que le numérique peut être un espace d’échange et de lien, pas un lieu de destruction.
Cette initiative résonne aussi avec d’autres campagnes créatives contre la haine, comme celle de Publicis Mexico, qui transformait les insultes misogynes en voix féminines grâce à la reconnaissance vocale, pour que les auteurs entendent enfin leurs propres paroles et prennent conscience de leur impact.