Et si les influenceurs d’aujourd’hui révélaient déjà les excès de demain ? C’est la question posée par « Ava », une mannequin virtuelle créée par le site Casino.org pour représenter l’évolution physique possible des créateurs de contenu à l’horizon 2050. Peau terne, cheveux clairsemés, dos voûté et menton exagérément pointu : ce portrait dystopique choque, amuse et interpelle.
Un monstre numérique pour provoquer un électrochoc
Derrière son apparence grotesque, Ava n’est pas qu’une caricature. Son design repose sur des symptômes bien réels observés par les spécialistes : fatigue chronique, vieillissement cutané accéléré par la lumière bleue, alopécie due aux coiffures répétées, ou encore le « text neck », cette déformation liée à l’usage intensif du smartphone. Une somme de pathologies qui illustre les dérives d’un métier où l’image est reine, mais où le corps finit par payer le prix.
Une stratégie marketing bien huilée
À l’instar de la sculpture « Graham » en 2016, imaginée pour sensibiliser à la sécurité routière, ou de « Mindy », représentation futuriste de l’humain déformé par la technologie, Ava s’inscrit dans une longue tradition de campagnes-chocs. L’objectif est clair : susciter le malaise, déclencher la viralité et relancer le débat culturel. Une stratégie qui fonctionne, puisque la créature circule déjà massivement sur TikTok, Instagram et X, attirant aussi bien les médias que les internautes.
La face cachée de la culture de la performance
Au-delà du buzz, Ava soulève une question de fond : jusqu’où peut aller la quête de visibilité et de perfection ? L’univers des influenceurs, souvent idéalisé, révèle aussi des réalités plus sombres : burn-out, déconnexion forcée, dépendance aux partenariats et aux algorithmes. En poussant le trait à l’extrême, la campagne met en lumière une société où l’humain devient parfois son propre produit.
Une dystopie qui ressemble déjà au présent
Ce qui rend Ava inquiétante, c’est qu’elle n’appartient pas uniquement au futur. Nombreux sont déjà les influenceurs qui témoignent de douleurs physiques, de troubles psychologiques ou d’effets secondaires liés aux interventions esthétiques répétées. Dans ce sens, la projection n’est pas qu’une fiction : elle est le reflet grossi d’une réalité bien présente.
Plus qu’une provocation, un miroir
En définitive, Ava n’est pas seulement un coup marketing. Elle agit comme un miroir déformant de notre hyperconnexion et de notre obsession de l’image. Derrière son apparence effrayante, elle invite à réfléchir sur les priorités d’une génération connectée en permanence : préserver la santé ou satisfaire l’algorithme ?
