Un simple prénom peut-il sauver une vie ? En Équateur, l’association ASFADEC transforme un geste marketing en cri d’alerte citoyen, détournant les célèbres bouteilles de Coca-Cola pour retrouver des personnes disparues.
Depuis la campagne mondiale "Partagez un Coca" lancée par Coca-Cola, chacun a pris l’habitude de chercher son prénom ou celui d’un proche sur les étiquettes des bouteilles. Mais en Équateur, ces prénoms ne sont plus un jeu. Ils deviennent des témoins silencieux d’un drame national : celui des disparitions non résolues.
L’ASFADEC (Association des familles et amis des personnes disparues en Équateur) a décidé de retourner les codes de la publicité pour faire entendre sa cause. Sa nouvelle campagne, "Nous recherchons des personnes disparues – aidez-nous à les retrouver", s’approprie les bouteilles de soda pour y coller des autocollants frappés de prénoms bien réels : ceux de personnes portées disparues. En scannant le QR code apposé, les passants accèdent à leur photo, à leurs informations, et à l’histoire souvent douloureuse de leur disparition.
Une campagne citoyenne à fort impact émotionnel
Non affiliée à Coca-Cola, cette action repose sur une collaboration avec l’agence de communication équatorienne BBA, qui a choisi de travailler bénévolement aux côtés des familles. Distribuées dans des magasins et lieux publics, les bouteilles se muent en puissants outils de sensibilisation.
Au-delà du terrain, les réseaux sociaux relaient massivement la campagne, grâce à l’implication d’artistes, d’influenceurs et de personnalités publiques. Les citoyens sont invités à partager les visages, les histoires, et à transmettre toute information utile.
Une réponse collective face à une douleur partagée
À travers ce geste fort, l’ASFADEC appelle à l’unité et à la solidarité. Son slogan "Seuls nous les perdrons, unis nous les retrouverons" résume la démarche : mobiliser l’opinion publique face à l’inaction des autorités, et replacer les disparus dans l’espace public, non comme des chiffres, mais comme des êtres humains dont les familles attendent toujours le retour.
Détourner les codes de la pub pour sauver des vies
Ce projet incarne une critique subtile mais incisive de la société de consommation, où le marketing peut faire vibrer les émotions… mais rarement pour des causes aussi profondes. Ici, c’est la force de l’image publicitaire qui est mise au service de la justice sociale.
Une tendance régionale d’activisme créatif
Cette initiative fait écho à une autre campagne latino-américaine remarquée : celle de la marque brésilienne Piracanjuba, qui utilise l’intelligence artificielle pour vieillir les portraits d’enfants disparus, apposés sur ses briques de lait dans le cadre de l’opération « Desaparecidos ». Là aussi, l’objet du quotidien devient messager d’espoir.
Une bouteille, un prénom, une histoire
En Équateur, chaque bouteille porte désormais plus qu’une boisson : elle porte une mémoire, un appel, un visage. Et derrière ce visage, des familles qui refusent d’abandonner. Grâce à l’ingéniosité et à la force émotionnelle de cette campagne, l’ASFADEC donne une leçon puissante : la publicité peut aussi servir à retrouver ceux qu’on ne doit pas oublier.
