Les préjugés liés à la pauvreté sont souvent invisibles, mais leurs conséquences sont bien concrètes. Au Québec, une personne sur deux admet encore entretenir des idées reçues à l’égard des personnes en situation de précarité ou d’exclusion sociale. Des jugements répétés, parfois banalisés, qui finissent par constituer un fardeau lourd à porter pour celles et ceux qui en sont la cible.
Pour sensibiliser le public à cette réalité, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, en collaboration avec l’agence Sid Lee, a lancé une campagne gouvernementale à la fois simple et percutante. Baptisée « Le poids des préjugés, c’est lourd à porter », l’initiative vise à transformer des stéréotypes abstraits en une expérience concrète et mémorable.
Une veste pour rendre visible l’injustice
Au centre de la campagne se trouve une veste pesant plus de 18 kilos, alourdie par des sacs de sable sur lesquels sont inscrits des préjugés courants : « ils n’ont qu’à travailler », « ils gèrent mal leur argent », « ils manquent de volonté ». Chaque sac correspond à un jugement relevé lors d’un sondage mené auprès de la population québécoise.
Cette veste symbolise le poids psychologique et social que portent les personnes en situation de pauvreté, un poids qui s’ajoute aux difficultés matérielles et freine leur parcours vers l’inclusion sociale et économique.
Une expérience urbaine et numérique
Exposée dans une vitrine au cœur de Montréal, rue Ontario Est, l’installation interpelle les passants par sa sobriété et son réalisme. Une balance indique le poids exact des préjugés, renforçant l’impact visuel du message. La campagne se prolonge également sur les réseaux sociaux à travers des vidéos dans lesquelles des citoyens et des créateurs de contenu essaient la veste et témoignent de leur ressenti.
Des chiffres qui interpellent
Selon les données mises en avant, près d’un tiers des répondants continue de penser que la pauvreté relève avant tout d’un manque d’effort individuel. Pourtant, une proportion importante de la population affirme avoir déjà été confrontée à la précarité ou aux jugements qui l’accompagnent.
En donnant une forme tangible aux idées reçues, cette campagne invite chacun à réfléchir à ses propres préjugés. Car alléger ce poids collectif commence par un changement de regard, essentiel pour bâtir une société plus solidaire et inclusive.
