Greenpeace tire la sonnette d’alarme. Condamnée à verser 660 millions de dollars pour avoir soutenu une mobilisation pacifique contre un projet pétrolier controversé, l’organisation environnementale internationale déploie une campagne de communication puissante pour dénoncer ce qu’elle qualifie d’attaque contre la liberté d’expression et l’engagement écologique.
Cette campagne, portée par Greenpeace France en collaboration avec l’agence STRIKE, est bien plus qu’un simple cri d’alerte : elle met en lumière les dérives d’un système judiciaire de plus en plus instrumentalisé pour museler la contestation environnementale.
Une condamnation au goût amer pour les défenseurs du climat
Tout part d’une plainte déposée par le géant pétrolier américain Energy Transfer contre Greenpeace USA et Greenpeace International. En cause : le soutien apporté par l’ONG aux manifestations de Standing Rock en 2016. À l’époque, des milliers de militants, rejoints par des communautés autochtones, s’opposaient pacifiquement à la construction du Dakota Access Pipeline, accusé de menacer les terres sacrées et les ressources en eau.
Mais pour Energy Transfer, Greenpeace aurait franchi la ligne rouge : l’entreprise accuse l’organisation de diffamation et d’incitation à la violence. Résultat : une décision de justice américaine imposant à Greenpeace une amende colossale de 660 millions de dollars.
Pour l’ONG, cette action judiciaire s’inscrit dans la logique des SLAPP (Strategic Lawsuits Against Public Participation), des procédures abusives visant à étouffer la parole citoyenne et à décourager toute opposition aux projets des grandes entreprises. Ces poursuites-bâillons se multiplient, y compris en Europe, où la Commission européenne planche sur des mesures pour les encadrer.
Une campagne visuelle forte pour dénoncer “le prix du silence”
Pour alerter le grand public, Greenpeace France lance une campagne à la symbolique puissante. Quatre images, quatre catastrophes écologiques une marée noire, une banquise brisée, une forêt en feu, et une zone de déforestation accompagnées d’une même phrase-choc :
“660 millions. Qui va payer pour ça ?”
Le message est clair : en tentant de faire taire les voix qui dénoncent les dérèglements environnementaux, on met en danger non seulement la démocratie, mais aussi la planète. Derrière cette amende astronomique, ce sont les écosystèmes et les générations futures qui paient le prix fort.
Déployée dans la presse et sur les réseaux sociaux, la campagne vise à mobiliser largement au-delà des seuls soutiens habituels de l’ONG. Elle rappelle que les enjeux du climat et de la biodiversité sont universels, et que les attaques contre ceux qui les défendent concernent toute la société.
Un appel à la résistance face aux intimidations judiciaires
Le hashtag #TimeToResist accompagne cette campagne. Pour Greenpeace, il ne s’agit pas seulement de défendre une organisation, mais de protéger le droit de chacun à s’exprimer et à contester, pacifiquement, les projets destructeurs.
Ces dernières années, les exemples de poursuites visant des militants, des journalistes ou des ONG se sont multipliés. En France, les actions contre TotalEnergies ou les révélations sur Lafarge illustrent la fragilité du contre-pouvoir citoyen face aux mastodontes économiques.
Or, alors même que la justice commence à reconnaître la responsabilité des États en matière d’inaction climatique — comme en témoigne la récente condamnation de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’homme — s’attaquer aux mobilisations écologistes revient à freiner des avancées indispensables.
Au-delà de Greenpeace, la démocratie en jeu
“660 millions. Qui va payer pour ça ?” La question posée par Greenpeace est directe, presque brutale. Elle ne concerne pas seulement une facture judiciaire, mais l’avenir d’un droit fondamental : celui de s’opposer, d’alerter, de défendre le bien commun.
Dans un monde où les crises environnementales s’intensifient, réduire au silence les voix qui dérangent n’est pas seulement injuste c’est dangereux. En 2025, comme le rappelle cette campagne percutante, se taire face à l’injustice environnementale, c’est déjà y participer.
