Partager des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux semble souvent anodin. Pourtant, derrière l’innocence apparente de ces publications se cachent des informations sensibles, susceptibles d’être exploitées à mauvais escient. C’est ce que met en lumière la nouvelle campagne de la Data Protection Commission irlandaise, qui illustre les risques du “sharenting” à travers un court film tourné dans un centre commercial.
Le film montre comment des inconnus peuvent reconstituer la vie quotidienne d’une fillette simplement en observant ce que ses parents publient en ligne. Chaque détail partagé prénom, club de sport, date de naissance ou localisation peut devenir une donnée exploitable. Produit initialement en irlandais puis adapté pour d’autres pays européens, ce projet vise à sensibiliser les adultes à l’importance de protéger la vie privée des enfants.
L’initiative ne cherche pas à culpabiliser les parents, qui publient le plus souvent avec bienveillance, mais à les inviter à prendre conscience des risques. Une photo d’anniversaire ou d’une activité sportive peut circuler, être copiée, modifiée ou détournée. Les métadonnées intégrées aux images, révélant le lieu et l’heure, augmentent encore la vulnérabilité des enfants, exposant leurs trajets, leurs routines et leur entourage à des regards inconnus.
Au-delà de la sécurité immédiate, le sharenting pose aussi des questions de réputation et d’identité. Une photo jugée mignonne aujourd’hui peut devenir source de moqueries dans le futur. L’accumulation de données personnelles rend également plus probable l’usurpation d’identité ou l’exploitation des images dans des contextes malveillants.
Face à ces dangers, la campagne appelle à un geste simple mais crucial : faire une pause avant de publier et se demander si l’enfant, aujourd’hui et dans dix ans, accepterait cette diffusion. La Data Protection Commission souligne que protéger la vie privée des enfants n’est pas seulement un choix individuel, mais un enjeu sociétal.
Ce type de sensibilisation n’est pas nouveau. En 2024, l’association française Caméléon avait lancé la campagne « Les prédateurs sexuels vous disent merci », visant également à alerter les parents sur les risques du sharenting et à encourager des usages numériques plus responsables.
