En ce mois de Ramadan 2025, les téléspectateurs tunisiens font face à une avalanche de publicités sur les chaînes de télévision locales. Certaines pauses publicitaires dépassent allègrement les 15 minutes, une situation inédite qui suscite de vives critiques et une frustration grandissante parmi le public.
Cette explosion du temps publicitaire s’explique en grande partie par la disparition de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), qui imposait auparavant des limites strictes à la durée des spots publicitaires, notamment pendant le Ramadan. En l’absence de régulation, les chaînes de télévision profitent de cette période d’audience record pour maximiser leurs revenus publicitaires, au détriment des téléspectateurs.
Un vide réglementaire propice aux excès
Avant sa dissolution, la HAICA veillait à ce que les pauses publicitaires ne perturbent pas excessivement l’expérience des téléspectateurs. Aujourd’hui, sans cadre réglementaire, les chaînes tunisiennes ont carte blanche pour diffuser autant de publicités qu’elles le souhaitent. Cette liberté a conduit à des abus, avec des interruptions interminables qui coupent le rythme des émissions et des feuilletons phares du Ramadan.
Les médias justifient cette surabondance par la nécessité de compenser le manque de financements publics ou de redevances audiovisuelles. Cependant, cette stratégie pourrait se retourner contre eux : les téléspectateurs, excédés par ces interruptions répétées, se tournent de plus en plus vers des alternatives comme les plateformes de streaming ou les chaînes étrangères.
Les téléspectateurs en colère
Sur les réseaux sociaux, les réactions des Tunisiens ne se sont pas fait attendre. De nombreux internautes dénoncent une « overdose publicitaire » qui gâche leur expérience télévisuelle. « C’est comme si on regardait plus de publicités que de programmes », déplore l’un d’eux. D’autres comparent les pauses publicitaires à des « tunnels sans fin », rendant difficile le suivi des émissions.
Cette frustration pousse certains téléspectateurs à abandonner les chaînes locales au profit de services de streaming comme Netflix ou YouTube, où ils peuvent profiter de contenus sans interruption. Un phénomène qui, à long terme, pourrait impacter l’audience des télévisions tunisiennes et réduire l’efficacité même des campagnes publicitaires.
Un modèle économique à revoir
L’économie des médias tunisiens repose en grande partie sur la publicité, en l’absence d’autres sources de financement stables. Cependant, cette dépendance excessive aux annonceurs montre ses limites. Une saturation publicitaire risque non seulement de lasser les téléspectateurs, mais aussi de diminuer l’impact des annonces, créant un cercle vicieux pour les chaînes.
Pour éviter ce scénario, les médias tunisiens devraient envisager de diversifier leurs sources de revenus et de repenser leur modèle économique. Parallèlement, la question d’une nouvelle régulation se pose avec urgence.
Vers une nouvelle autorité de régulation ?
La disparition de la HAICA a laissé un vide réglementaire préjudiciable aux téléspectateurs et aux médias eux-mêmes. La situation actuelle met en lumière la nécessité d’un cadre clair pour encadrer la publicité audiovisuelle et protéger les consommateurs d’un envahissement excessif des écrans.
Alors que les Tunisiens expriment leur mécontentement, la question d’une nouvelle autorité de régulation ou d’une mise à jour de la législation pourrait refaire surface dans le débat public. Une solution équilibrée, respectant à la fois les besoins financiers des médias et les attentes des téléspectateurs, semble plus que jamais nécessaire.
En attendant, les téléspectateurs tunisiens devront composer avec cette réalité, en espérant que les chaînes locales sauront trouver un juste milieu entre rentabilité et respect de leur audience.
