Quand la politique devient prétexte à créativité : la réponse futée de Saint-Pierre-et-Miquelon à Laurent Wauquiez
Face à une déclaration controversée de Laurent Wauquiez, les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ont choisi une riposte originale et pleine d’humour. Ciblé par le député Les Républicains, qui suggérait d’envoyer les personnes visées par une OQTF (obligation de quitter le territoire français) sur l’archipel en raison de son climat rude et de son isolement, le territoire a préféré répondre avec légèreté plutôt que colère.
Plutôt que d’alimenter la polémique, la collectivité territoriale a opté pour une opération de communication réjouissante : détourner le sigle OQTF pour en faire une série de slogans positifs. Objectif : casser les clichés, valoriser les attraits locaux et réaffirmer fièrement son identité.
Quand OQTF devient un outil de storytelling territorial
Sur les visuels diffusés en ligne, OQTF prend de nouvelles significations pleines d’esprit :
- "On Quitte Tout Facilement"
- "On part en Quête de Tranquillité Familiale"
- "Ouvriers Qualifiés pour Travailler dans le Froid"
Ces formules détournent habilement l’usage initial du sigle et pointent l’absurdité de la proposition de Wauquiez. En même temps, elles mettent en avant les qualités de vie offertes par ce bout de France en Amérique du Nord : nature préservée, proximité des services, tranquillité, sécurité et convivialité.
Lancée principalement sur les réseaux sociaux, la campagne joue aussi avec autodérision sur le climat souvent invoqué pour critiquer l’archipel. Là où certains voient des jours gris, les habitants y voient des occasions de “chanter sous la pluie”… ou de profiter du beau temps les 219 autres jours de l’année.
Une réponse créative à une remarque jugée méprisante
À l’origine de la polémique, la proposition de Laurent Wauquiez assimilait Saint-Pierre-et-Miquelon à un territoire de relégation, destiné à “faire réfléchir” par la rigueur de son environnement. Une déclaration qui a suscité l’indignation sur l’archipel, mais qui a aussi été perçue comme une opportunité de communiquer autrement.
“On voulait sortir par le haut de cette polémique qui ne volait pas très haut”, a expliqué Johan Edet, directeur de cabinet du président du conseil territorial, au micro de franceinfo. Pari réussi : les habitants et internautes ont largement relayé la campagne, l’enrichissant même avec leurs propres suggestions de détournement d’OQTF, transformant la controverse en dynamique participative.
Transformer un bad buzz en coup de projecteur
Cette réponse habile illustre comment une collectivité peut retourner une attaque en atout de notoriété. À travers une stratégie de communication fondée sur l’humour, la bienveillance et la valorisation de son territoire, Saint-Pierre-et-Miquelon envoie un message clair : ici, on ne se laisse pas enfermer dans des caricatures.
“Notre quotidien a des allures de luxe. On a le temps pour soi, pour sa famille et ses amis”, rappelle la campagne, comme pour souligner que le vrai isolement n’est pas géographique, mais dans le regard de ceux qui refusent de voir la richesse d’un territoire.
En réponse à deux semaines de bad buzz – entre cette sortie politique et des tensions commerciales avec les États-Unis – l’archipel a su transformer une séquence négative en opération de marketing territorial inspirée. Une leçon de communication à méditer.
L’humour comme réponse stratégique
Avec son “OQTF revisitée”, Saint-Pierre-et-Miquelon démontre qu’un territoire, aussi petit soit-il, peut faire entendre sa voix avec finesse et intelligence. Ce pied de nez à une déclaration malheureuse se révèle être bien plus qu’une réplique : c’est une déclaration d’amour à son territoire et une belle démonstration de la force du storytelling local.
Ici, on ne subit pas les polémiques. On les transforme, on les détourne… et surtout, on les sublime.
