Facebook
On a décidé de porter plainte

On a décidé de porter plainte

Cette année encore, nos chaines nationales n’ont pas lésiné sur les moyens.

Une programmation où l’humour et la romance ont eu la part du lion.

Cette année comme toutes les précédentes finalement !

Des moments d'humour et de détente, servis à l’heure du Ftour, appréciés par certains et critiqués par d’autres…

 

Entre défenseurs et attaquants, les marocains ont formé leurs clans et mené une bataille dont le moteur est l’avis personnel. Un combat qui a élu domicile sur les réseaux sociaux, relayé –et/ou nourri – par la presse.

 

En effet, beaucoup de personnes se plaignent de la médiocrité artistique des programmes proposés, de la médiocrité des créations publicitaires diffusées, de la médiocrité des chansons qui en font la promotion… certaines vont plus loin et proposent de porter plainte... contre les chaines nationales, contre les artistes et les producteurs, contre la HACA, contre le Ministère de la Culture… Il faut dire que c’est très tendance par les temps qui courent. Cela s’inscrirait dans la belle mouvance qui dynamise le pays aujourd’hui !

 

Beaucoup de personnes se plaignent de la médiocrité des programmes, tout de même suivis par des dizaines de millions de téléspectateurs tous les soirs.

 

Oui. Des millions de paires d’yeux sont tous les soirs rivées sur le petit écran pour suivre une programmation où l’humour et la romance ont eu la part du lion, appréciée par certains et critiquée par d’autres au point de penser à porter plainte contre les chaines nationales, contre les artistes et les producteurs… et des fois même contre les publicitaires.

Ces publicitaires insolites qui travaillent pour des marques insolites avec des artistes insolites.

Cette industrie qui met en scène des artistes coupables d’avoir saisi l’opportunité de gagner quelques millions de dirhams en échange de paroles revisitées et de sourires parfois forcés.

 

Mais que peut-on reprocher à une comédienne qui s’est tout juste contentée de partager ses convictions : consommer du yaourt au bifidus actif pour rester en forme, faire confiance à un grand opérateur téléphonique et à son forfait illimité qui a quand même failli la laisser sans Chebakia, opter pour un matelas confort, … et empocher des pactoles à 7 chiffres.

 

Il n’y pas de mal à ce qu’un artiste saisisse l’occasion de promouvoir une marque et une marque de promouvoir… son produit. Ceci est un échange de bons procédés –ou pas-.

 

C’est cet échange qui permet à toute l’industrie publicitaire d’exister. Une marque fait la promotion de son produit à travers une agence de publicité qui recommande de mettre en scène un artiste comme ambassadeur de marque dans un spot publicitaire tout en musique qu’elle incrustera autour d’un programme servi à l’heure du Ftour à des millions de marocains scindés en défenseurs militants et attaquants désireux de porter plainte contre les chaines nationales, contre les publicitaires, contre la HACA… et des fois même contre les homophiles.

 

Mais que viennent faire les homophiles dans cet article, penseront certains.

Rien. Je répondrai.

 

Il m’est juste difficile de finir mon papier sans penser à tous les événements qui secouent actuellement mon pays et aux divisions que subit notre société. L’ignorance est la source de tous nos maux et la liberté de conscience et le respect des vies privées la solution pour les guérir.

 

Mais qui sait, peut être sont-ils aussi face à leurs écrans à l’heure du Ftour en train de pester nos chaines nationales qui leur ont servi des programmes et des créations publicitaires médiocres, se préparant à porter plainte… pour non respect des libertés individuelles.

 

En ce qui me concerne, je félicite toute création artistique qui prône l’intelligence, la paix et les valeurs.

Respect à tous les producteurs, réalisateurs et acteurs qui ont offert, chacun à sa manière et à SON public, un moment de détente (même si je dénonce la médiocrité de certaines productions et compte porter plainte contre… ma flemme de zapper)

Un clin d’œil à mon ami Taliss que j’ai trouvé tellement « nemroude » dans sa série Al Khawassir.

Un grand bravo aux artistes qui ont su se vendre cette année et décrocher des contrats publicitaires… et à mes confrères publicitaires pour toutes les heures de travail et les tasses de café qui ont rythmé leurs nuits blanches derrière.

LYAMANI Widiane,