Le 11 avril 2025, un cercueil monumental recouvert de 5 578 perles violettes a traversé la capitale sud-africaine. Il ne contenait pas de corps, mais portait le poids d’une tragédie nationale : le nombre effrayant de femmes assassinées en une seule année.
Conçu comme une œuvre de mémoire et un acte politique, ce cercueil baptisé The Unburied Casket – littéralement Le cercueil non enterré – a été porté dans les rues de Pretoria lors d’une marche silencieuse organisée par l’association Women For Change. Un symbole saisissant pour dénoncer une crise que beaucoup estiment ignorée par les autorités.
Une œuvre d’art militante, un appel au réveil
Recouvert de 5 578 perles violettes, chacune symbolisant une vie fauchée, le cercueil mesurait 33,8 % de plus qu’un modèle standard, en écho à l’augmentation du taux de féminicides sur un an. À l’intérieur, pas de dépouille, mais plus de 150 000 signatures d’une pétition, un mémorandum officiel et les portraits des victimes ornant les parois. Une scénographie sobre, mais bouleversante, conçue pour forcer les regards à se poser sur une réalité souvent reléguée au silence.
“Chaque perle est une vérité”
“Ce cercueil porte la vie de milliers de femmes. Chaque perle est une vérité. Chaque point de couture, une mémoire. Et ce cercueil ne sera jamais enterré”, a déclaré Sabrina Walter, fondatrice de Women For Change, en tête du cortège. Le message est clair : tant que les féminicides ne seront pas traités comme une catastrophe nationale, ce cercueil continuera de faire face à la nation.
Le cortège, composé de militants, survivantes, familles de victimes, enfants et alliés, a atteint les bâtiments de l’Union, siège du gouvernement, pour y remettre le mémorandum à Mme Mmapaseka Steve Letsike, vice-ministre en charge des femmes, de la jeunesse et des personnes handicapées.
Une pression populaire grandissante
Sans financement public ni soutien institutionnel, l’initiative a pourtant rassemblé une large mobilisation, preuve d’un ras-le-bol généralisé face à l’inaction politique. Le cercueil, fidèle à son nom, ne sera pas enterré : il restera visible, tel un mémorial vivant, pour rappeler l’ampleur de la crise et maintenir la pression sur le gouvernement. Les organisateurs exigent une réponse officielle sous 30 jours.
Un mouvement plus large contre les violences faites aux femmes
Dans le sillage de cette action, les initiatives artistiques et citoyennes se multiplient. L’an dernier, une campagne avait déjà marqué les esprits : une boutique éphémère de fleurs fanées, lancée par Allianz en partenariat avec Women’s Aid, pour dénoncer les violences conjugales à la Saint-Valentin.
Face à une réalité tragique, la mobilisation ne faiblit pas. Les perles violettes, devenues emblème de résistance, illuminent désormais les rues et les réseaux sociaux. Et tant que la violence persistera, The Unburied Casket rappellera que derrière chaque chiffre, il y a une femme, une histoire, une absence.